Site de l'hôpital : du neuf avec du vieux...
La salle Charles Vanel était comble hier soir, malgré la communication minimaliste et tardive faite autour de l'événement (nous avons reçu dans nos boîtes aux lettres 2 courriers de M. Pagny en 10 jours, aucun ne faisait mention de cette réunion)
Etaient présents sur l'estrade pour présenter le dossier :
- M. Chemetoff, architecte du projet,
- M. Chartier, Président de Marne et Gondoire (et Maire de Collégien),
- et M. Pagny ! mandaté par Mme Bonnin pour la représenter... Mme Bonnin, Maire par intérim jusqu'au prochain Conseil Municipal, est pourtant en charge de l'urbanisme à Lagny depuis plus de 2 ans maintenant, et représente également la ville au sein de Marne et Gondoire. Elle était donc légitime pour prendre la parole.
Après un bref rappel de la chronologie des différentes étapes depuis le lancement du projet (cette réunion était la troisième publique), M Chartier nous précise : "ce soir vous resterez sur votre faim, et c'est normal. Faites-nous confiance". Nous n'aurons donc pas de réponses à toutes nos questions.
M. Pagny a ensuite pris la parole pour vanter les mérites du projet et louer le travail accompli par M. Chemetoff dans d'autres villes, puis ce dernier a commencé son exposé d'une vingtaine de minutes (beaucoup plus court que lors de la réunion de mars), dont voici les grandes lignes :
- 800 à 900 logements dont 1/3 de logements aidés,
- Des commerces et équipements publics seront construits à l'échelle du quartier,
- Un pôle santé sera conservé sur plusieurs bâtiments, dont l'IRM,
- "Le parc est déjà là !". Il sera ouvert rapidement pour que le site vive après le départ de l'hôpital,
- L'immeuble Saint-Jean accueillera la maison du projet, ouverture en Mars (engagement de M. Chartier),
- Début décembre le périmètre de la ZAC sera défini, suivi d'une phase de concertation publique sur les lieux au premier semestre 2013,
- Les premières constructions verraient le jour sous la forme de pavillons rue Victor Hugo
Cette synthèse est un peu courte, mais c'est malheureusement tout ce que l'on peut tirer de la présentation d'hier, très pauvre en contenu, certitudes, décisions et sujets de fond.
Voici maintenant notre analyse et nos doutes sur le projet, au fil des différentes questions posées par les Latignaciens présents :
1/ Les dessinateurs sont lents, très lents...
En effet, mis à part quelques nouveaux dessins en couleur de "vues en perspective" quand certains immeubles auront disparu, rien n'a changé ou évolué depuis la réunion de Mars 2012. Les discours, les plans de masse présentés sont les mêmes qu'il y a 7 mois de cela. Nous en sommes toujours au stade de la réflexion, et de la présentation d'"hypothèses de bâtiments non conservés".
L'hôpital fermant dans 1 mois, nous avons peine à croire que le projet n'en est qu'au stade du crayonnage en couleur façon gribouille dans l'île aux enfants de Casimir...
2/ Dîtes 33
La ville affiche aujourd'hui un taux de logements sociaux de 20%, sachant que l'état en demande 25% à terme. Le projet prévoit 1/3 de logements aidés : pourquoi décréter 33% sur ce site, soit 8 % de plus que le pourcentage imposé par l'état ? Ce site sert-il à compenser les taux plus faibles d'autres communes de Marne et Gondoire ?
Et surtout : pourquoi créer une concentration de logements sociaux (avec le quartier République) alors que tous les spécialistes s'accordent à dire qu'il faut au contraire les répartir sur la ville ?
3/ 2024, un monde sans voitures
Sur le magnifique plan de masse présenté, aucun parking n'apparaît. "Rien n'est figé, mais la tendance sera de créer des aires de stationnement en périphérie, afin qu'aucun véhicule ne pénètre dans le site". Après les parkings "mutualisés", voici un nouveau concept. Nous sommes curieux de voir comment il est possible de caser environ 1200 véhicules aux pourtours du quartier... Il va en outre falloir prévoir un service de navettes (type voiturettes de golf) pour rapporter les courses chez soi, une paire de jumelles pour surveiller sa voiture, des rallonges électriques d'un kilomètre pour pouvoir brancher son aspirateur et nettoyer l'intérieur de sa voiture...
En terme de circulation, la même rhétorique revient : l'étude menée confirme que les mouvements de véhicules seront moindres qu'actuellement, et "intuite" que 2000 habitants supplémentaires n'auront aucune influence sur la circulation. Cette étude sera d'ailleurs bientôt (novembre) consultable par tous. Les problèmes d'embouteillage actuels évoqués par plusieurs personnes sont balayés d'un revers de la main par M. Pagny - qui à l'occasion remporte la "huée d'or" de la soirée - avec cette phrase "vous remarquerez que les bouchons dans Lagny sont dûs aux communes limitrophes, pont en X par exemple. Sinon la circulation naturelle est fluide dans Lagny...". Donc ce n'est pas de notre faute, mais nous allons contribuer à aggraver le problème...Quelques photos à paraître dans un prochain dossier consacré aux embouteillages dans Lagny.
4/ Un parc en puzzle
Ne rêvez pas à une promenade romantique dans le futur parc du site. En effet le parc annoncé de 5ha se résume en fait à "l'ensemble des espaces verts ouverts au public". Non mais franchement, messieurs les décideurs, vous nous voyez sérieusement flâner sur les pelouses désherbées devant les fenêtres des 900 logements ? Il sera encore préférable d'aller au parc de Rentilly, même si les futures plaques en inox du chateau nous donneront plutôt l'impression de visiter une ferme de panneaux solaires...
5/ Problème de mathématiques
Enoncé : Soit un ensemble existant (Orly Parc, que M. Pagny trouve au demeurant aéré) de 530 logements sur 6,75 hectares (incluant station service, église et commerces). Soit un projet (Site de l'hôpital) de 10,5 hectares - dont 5 hectares de "parc", donc 5,5 hectares dédiés aux constructions- prévu pour accueillir 800 à 900 logements.
Cochez la bonne réponse :
a) à surface constructible moindre, les immeubles de l'hôpital devront être plus hauts qu'à Orly Parc pour pouvoir accueillir plus de logements
b) vous pouvez répéter la question ?
c) il ne faut pas caricaturer (dixit M. Chemetoff)
6/ Trop de détails tue le détail
Quel est le coût total du projet (y compris démolition, désamiantage, gardiennage du site..) ? "Les travaux ne démarreront pas si le budget n'est pas bouclé"
Quid des équipements publics ? "Tout sera étudié, y compris financièrement"
Quels commerces ? "Nous étudierons évidemment la typologie des commerces alentours"
Quel avenir pour la Croix Rouge ? "Pas de démolition si pas de solution de remplacement"
Que se passe-t'il si le PLU de Lagny en cours de révision retoque le projet ? "C'est impossible, nous serons d'accord" (les dés sont déjà jetés ?)
Et la perle de M. Chartier : "Nous avons réfléchi, je pense que nous aurons des réponses relativement précises"
Ouf, nous avons cru un moment que le dossier était flou !
7/ Recherche élus désespérément
Outre la remarque en préambule sur l'absence remarquée de Mme Bonnin, il est fort désagréable de constater que toutes les présentations et réponses faites (à 2 exceptions près, assez drôles d'ailleurs) ont été apportées par des personnes extérieures à la ville. Ce n'est pas faire injure à Messieurs Chartier et Chemetoff de dire qu'ils connaissent la ville moins en profondeur que ses élus et ses habitants. Mais les élus Latignaciens ont brillé par leur absence hier, sauf pour 6 d'entre qui ont dénoncé ouvertement l'absence de concertation et surtout d'information au sein du Conseil Municipal. M. Chartier ayant juré ses grands dieux que rien ne se décide sans avoir informé au préalable les "hautes autorités" de la ville concernée, il en ressort qu'il y a un réel problème de communication entre l'ex-Maire et son conseil municipal...Plus généralement qui défend les intérêts de la ville dans ce dossier ?
8/ On manipule le passé ?
M. Chemetoff nous explique le plus sérieusement du monde qu'il faut absolument construire pour que Lagny cesse de perdre des habitants. Recherche faite, les seules périodes où Lagny a effectivement vu sa population baisser ont été entre 1936 et 1946, et actuellement en juillet et août, chaque année...
9/ La phrase du jour
En réponse à une commerçante se plaignant des désagréments engendrés par la présence de la mosquée illégale en face de l'hôpital, et qui demandait si ce problème - existant depuis 7 ans - était pris en compte dans le projet global, M. Pagny a rétorqué : "la présence de cette mosquée, c'est du provisoire qui dure ". Bravo pour cette saillie drôlatique mais ô combien révélatrice du laissez-aller généralisé !
Blaque mise à part, n'avons-nous pas là l'occasion, avec cet énorme projet immobilier, de pouvoir y inclure une mosquée digne de ce nom ?
En résumé
Présidents d'association de riverains ou de commerçants, citoyens, élus de l'opposition, promoteurs immobiliers privés ont pris la parole hier pour exprimer leurs doutes, leurs craintes et leur incompréhension. La salle a grondé, parfois hué...
La réponse :
"Faites-nous confiance !"
Nous avons entendu des phrases au conditionnel, écouté des hypothèses, enregistré des promesses, mais le seul élément concret réside bien dans le déménagement de l'hôpital à compter du mois prochain (pour info, le parking du futur hôpital offrira la première gratuite)
Flou artistique, errements, erreurs de jugement, déni de la réalité, cachoteries semblent définitivement caractériser ce projet...
La rédaction